Santé, criminalité et économie : quel avenir pour le Brésil ?

Iremos

25 sept. 2020

Déjà ébranlé par la crise du coronavirus, le Brésil est entré, le 1er septembre, en récession. Si les multiples crises que le pays traverse sont antérieures au coronavirus, il en est un catalyseur. En effet, les risques politico-sociaux, criminels, sanitaires et environnementaux sont depuis longtemps élevés au Brésil, et ont été aggravés par la covid-19. Dès lors, quels sont les risques envisageables à court et moyen termes ? Quels nouveaux acteurs de la décision sont en train d’émerger ?

 

Le Brésil: un pays fragile face à la crise du coronavirus

📌Pauvreté et inégalités : distanciation difficile, plongeon économique annoncé

Avant la crise, le pays comptait 12 millions de chômeurs et se relevait d’une longue récession connue entre 2015 et 2016. Les trois années suivantes, la croissance fut faible, plafonnant à 1.1%. Le programme économique de Bolsonaro, élu en janvier 2019, comprenait la relance de la production, de l’investissement et de l’emploi. Les défis à relever au début de son mandat sont alors immenses : 1/5e de la population brésilienne vit avec moins de 5.5 $ par jour. L’économie demeure largement souterraine. Près de la moitié des brésiliens travaillent dans le secteur informel,  sans contrat de travail ou comme travailleurs non déclarés. Sous Bolsonaro, en 2019, le déficit s’est sensiblement résorbé, atteignant toutefois 6% du PIB. Le chômage baisse également, mais le tourisme recule et la dette reste colossale. Par ailleurs, l’accaparement des richesses par les plus riches a pour conséquence, année après année, des inégalités toujours plus profondes.


Début septembre 2020, la crise a fait d’importants dégâts économiques. Le Brésil, 1ère économie de l’Amérique latine, est entré en récession et son PIB a chuté de 10%. Aussi, quand le coronavirus a touché le pays, il a révélé les fragilités préexistantes. Près de 15 millions de brésiliens vivent dans les favelas (bidonvilles), où la propagation du virus est accélérée du fait de la proximité entre ses habitants. Le manque d’accès à l’eau complique encore la lutte contre le virus. Le confinement est impossible pour les employés du secteur informel, qui ne peuvent subvenir à leurs besoins s’ils arrêtent de travailler. Ces derniers constituent la population la plus touchée, à la fois par la crise sanitaire, mais aussi par ses conséquences durables.

📌Des institutions faibles et un pouvoir morcelé

Les institutions brésiliennes souffrent d’un déficit démocratique. A leur tête les nominations sont régulièrement entachées par des affaires de corruption. Au gouvernement, des militaires occupent les postes clés. Les soutiens de Bolsonaro, notamment des chefs religieux ou des présidents de syndicats, relaient ses idées et étendent son influence. Le secteur de la santé est particulièrement révélateur des difficultés institutionnelles qui touchent le pays. Le ministère de la santé est désormais dirigé par un militaire, le général Eduardo Pazuello, depuis la démission et le limogeage de deux ministres au plus fort de la pandémie. En effet, Luiz Henrique Mandetta, médecin très populaire et ministre de la santé jusqu’en avril 2020, fut congédié lorsqu’il refusa de suivre la politique du président.

Le secteur de la santé, refondé après la fin de la dictature militaire en 1988, est également considérablement affaibli. Si le Brésil dispose d’un système unique de santé (Sistema Único de Saúde) permettant à la population l’accès aux soins, il est aujourd’hui sous-financé. Depuis un amendement constitutionnel de 2016, le Brésil y consacre moins de 4% de son PIB. Sous Bolsonaro, la part d'investissement public dans le Sistema Único de Saúde a été réduite. Ces politiques ont eu notamment pour conséquence l’incapacité du secteur de la santé à faire face à la crise sanitaire de ces derniers mois. Le pays affiche l’un des taux de mortalité les plus hauts au monde : il est 3e après les Etats-Unis et l’Inde, avec plus de 4,5 millions de cas confirmés et plus de 137 000 morts.

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Ce lent et planifié « détricotage » du système de santé est un reflet de la situation politique brésilienne. Dans d’autres institutions, corruption et séries de nominations ont pour conséquence des politiques mal définies et difficiles à appliquer. Les oppositions à Bolsonaro se multiplient. Elus locaux, maires et gouverneurs se sont prononcés en faveur de l’adoption de mesures de restriction. Ainsi, l’on assiste à un morcellement du pouvoir, ainsi qu’à des divergences entre les politiques nationale et locale. C’est le cas de la ville de Sao Paulo, la plus touchée par la pandémie, dont les dirigeants ont décidé d’un confinement, décrié par Jair Bolsonaro. La fronde s’étend aux autres institutions. Ainsi, le pouvoir judiciaire a interdit la campagne télévisée « le Brésil ne peut pas s’arrêter », par laquelle le Président enjoignait la population à reprendre ses pleines activités. Le Président de la chambre des députés fait aussi l’objet de virulentes critiques par Bolsonaro. Le leader brésilien a appelé la population à le soutenir en manifestant contre ces institutions.

Selon les derniers sondages menés, 29% de la population soutient Bolsonaro, tandis que 40% lui est hostile (Datafolha). Ces chiffres montrent pourtant une hausse récente et importante de la popularité du Président, dont les raisons seront exposées plus loin.

📌Criminalité et corruption : des pratiques généralisées

Le Brésil voit les violences augmenter, et la corruption, loin de diminuer, gangrène toujours la vie politique brésilienne. La lutte contre la corruption était l’un des points phares de la campagne de Bolsonaro, suite aux nombreuses affaires qui ont touché ses prédécesseurs. Toutefois, plusieurs accusations visent aujourd’hui ses proches, dont son fils. La justice brésilienne a aussi prouvé l’immixtion du Président dans des investigations de la police fédérale. Les affaires de corruption de la classe politique brésilienne sont nombreuses, et cette pratique touche tous les étages de la hiérarchie politique brésilienne, de l’élu local au Président de la République. Le 28 août dernier, le gouverneur de Rio de Janeiro, Wilson Witzel, était démis de ses fonctions par la justice brésilienne pour des soupçons de corruption. Il aurait détourné des fonds destinés à la lutte contre le coronavirus.

Par ailleurs, cinq fois supérieur au seuil endémique établi par les Nations Unies, le taux de violence au Brésil est comparable à celui des pays en situation de conflits armés ou de guerre. Parmi les principaux acteurs de la criminalité, les groupes armés, qui sèment la violence. Ils possèdent une assise territoriale importante, en particulier à São Paulo et Rio de Janeiro. Récemment, une hausse importante des violences dans l’Etat de Ceará a aussi été observée. Ces groupes conduisent régulièrement des attaques contre les forces de l’ordre, et se vengent des raids de la police en détruisant des commerces et des biens publics dans les territoires qu’ils contrôlent. Ils sont également les acteurs d’un trafic de drogue international, dont le lucratif commerce avec les pays frontaliers, le Paraguay, le Pérou, la Bolivie et la Colombie, est difficile à enrayer. La contrebande et la vente d’armes comptent aussi parmi leurs activités. Afin d’assurer l’intégrité de leur territoire, ils exercent une forte pression, notamment à travers la corruption des forces de l’ordre et des élus locaux. Par ailleurs, le taux de mortalité lors des opérations de police est très élevé : en 2018, avant l’arrivée au pouvoir de Bolsonaro, 6 200 personnes étaient tuées par les forces de l’ordre brésiliennes (militaires et civiles), dont 1 534 personnes dans le seul état de Rio de Janeiro. Si le nombre d’homicides a baissé au début du mandat de Bolsonaro[1], le nombre de morts lors des opérations de police est en revanche en constante augmentation, notamment à Rio de Janeiro, où il a augmenté de 16% en 2020[2]. Les chiffres transmis par les autorités officielles sont difficiles à interpréter, certains observateurs les soupçonnant d’être manipulés.

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Afin de résorber la criminalité, Bolsonaro a nommé Sérgio Moro Ministre de la Justice et de la Sécurité publique. Spécialisé dans la lutte anticorruption, ses méthodes sont toutefois vivement dénoncées, qualifiées d’extrêmement virulentes. L’Observatoire de la démocratie brésilienne parle « d’exécutions extrajudiciaires de masse[3] ». On a plus peur de la police que des trafiquants[4], témoignent les brésiliens. En grande majorité, les victimes sont noires, jeunes (moins de 29 ans) et peu scolarisées (plus de 81% d’entre eux n’avaient pas atteint l’enseignement secondaire). Le ministre démissionnera finalement en avril 2020.

Plusieurs facteurs expliquent cette violence endémique. Parmi ceux-ci, les incarcérations massives (le Brésil est le 3e pays au monde en terme de nombre de personnes incarcérées) et le durcissement des politiques de répression pénale. L’assouplissement de la réglementation sur les armes à feu (entre janvier et août, 37 300 armes de poing ont été importées au Brésil) et l’élargissement de la notion de légitime défense au bénéfice des forces de l’ordre sont également à prendre en compte. Enfin, une hausse des violences visant les femmes, la communauté LGBT, les peuples indiens, les minorités, les militants des droits de l’Homme et de l’environnement est constatée. Cette augmentation peut s’expliquer par les discours politiques en ce sens de Bolsonaro, qui exprime régulièrement son animosité envers les minorités et les militants de la société civile.

Si les fléaux qui touchent la vie politique du Brésil ont été correctement identifiés par le Président, son programme montre pour l’heure peu de résultats qui tendraient à apaiser les tensions sociales.

📌Fragilités révélées : la gestion de crise contestée de Bolsonaro

Dans de nombreux pays, les autorités scientifiques et médicales ont été placées au cœur de la stratégie de l’Etat et de sa « cellule de crise ». Les gouvernements ont décidé de mettre en œuvre des politiques de restriction, d’ordre sanitaire, afin de protéger la santé des personnes et de relancer l’économie. Ce n’est pourtant pas la politique choisie par le président Jair Bolsonaro, dont la gestion de la crise est très critiquée, tant au Brésil qu’en dehors de ses frontières. L’ex-Président du Brésil, Luiz Inacio Lula Da Silva, au pouvoir de 2003 à 2011, accuse le Président actuel d’avoir fait de la pandémie de coronavirus une « arme de destruction massive », alors que le pays traverse l’une des « pires périodes de son histoire[5] ».

La gestion de la crise sanitaire par le Président brésilien est en effet très clivante. Sa stratégie consiste à ignorer les risques. Il rejette les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et refuse de rendre obligatoires les gestes barrières et le confinement. Sur ce point, de nombreux observateurs le comparent à son homologue américain, Donald Trump. En déclarant qu’ “après avoir été poignardé, ce n’est pas une grippette qui va m’abattre[6]”, Jair Bolsonaro s’est inscrit dans le camp des « coronasceptiques ». Au-delà de nier la crise et son ampleur, qui relève, selon lui d’une « hystérie [7]», il entreprend une véritable campagne de désinformation. Le climat chaud du Brésil écarterait tout risque de contracter la maladie. Ces mensonges sont bien connus des brésiliens, qui avaient déjà pu entendre que les feux d’Amazonie étaient une « invention des médias[8] ». Ces déclarations lui valurent de voir certains de ses tweets supprimés par la plateforme Twitter, déclenchant ses foudres. Pour justifier sa politique, Bolsonaro dénonce le risque économique que représente le confinement de la population et menace le Brésil de « devenir le Venezuela [9]». En effet, le confinement risque, selon lui, de ruiner le Brésil. Ses priorités sont celles du maintien de l’emploi et de la préservation de l'approvisionnement des familles.

Cette stratégie est dangereuse : la population la plus pauvre est effectivement la plus touchée. Dans le secteur de la santé également, pourtant stratégique, les morts sont nombreux. Ces pertes humaines auront un poids économique que les experts tentent déjà de calculer. D’autre part, sur le plan social, cette stratégie présente des risques. D’un côté se trouvent ceux qui, refusant comme lui les mesures de restrictions sanitaires, sont présentés en sauveurs du pays, de l’autre, ceux qui en sont les détracteurs. Sur le plan social, cette idéologie divise les brésiliens, générant tant la popularité que la défiance. Ainsi, les manifestations pro Bolsonaro et les contre-manifestations des anti Bolsonaro se sont succédées, y compris pendant le pic de la pandémie, générant heurts entre manifestants et contre-manifestants, ainsi qu’entre manifestants et forces de l’ordre.

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Tensions sociales et criminalité: une évolution en hausse des risques

La politique du gouvernement brésilien en matière de gestion de crise sanitaire n’est pas sans conséquence sur l’évolution de la situation globale du pays. Celui-ci se voit exposé à une recrudescence des risques de violence. Les tensions sociales générées par un projet économique critiqué avant la crise pourraient être renouvelées.

📌Un projet économique au cœur des tensions sociales

Avant la crise, les réformes menées par le gouvernement afin d’assainir les finances publiques nationales suscitaient déjà de vives oppositions : les mesures d’austérité avaient poussé les syndicats, tant publics que privés, à faire entendre leur colère dans les rues, en janvier 2019. Etaient prévus le gel des salaires des fonctionnaires, la privatisation du secteur de l’électricité, des aéroports et des ports maritimes, ainsi que des coupes budgétaires dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Un mouvement initié en mai 2019 avait rassemblé des centaines de milliers de brésiliens lors de manifestations à travers le pays, durant plusieurs mois. Ils voyaient dans les coupes budgétaires une atteinte à leur droit à l’éducation et un entérinement des inégalités. Les plus pauvres et les minorités, qui accèdent plus difficilement à l’enseignement, craignaient que leur avenir ne soit affecté par le projet économique de Bolsonaro. Si le gouvernement reprend ces projets, il paraît très probable que les mouvements sociaux des travailleurs, des étudiants, des militants de défense des minorités, et des écologistes reprendront également. Les brésiliens, échaudés par les problématiques de racisme et de pauvreté, racines profondes de l’instabilité sociale, devraient continuer à se mobiliser pour refuser l’austérité et réclamer une meilleure répartition des richesses ainsi que des avancées sociales.

Récemment, une aide versée aux plus pauvres explique en partie le regain de popularité du leader d’extrême-droite. Ce sont environ 100€ par mois qui sont versés à environ 30% de la population. Initialement prévue pour trois mois, Bolsonaro a annoncé sa reconduction jusqu’à la fin de l’année. Plus récemment, il a annoncé son projet de rendre cette aide permanente, résultant en une hausse de la popularité du Président. Cette décision a été dénoncée par certains comme une manœuvre électorale visant à rallier l’électorat des plus précaires, très nombreux à travers le pays, lors des prochaines élections présidentielles en 2022. Cette aide pourrait contribuer à apaiser les tensions sociales, cependant, cette décision semble peu pérenne sur le plan financier. En effet, le dirigeant de la banque centrale brésilienne s’inquiète de cette proposition, qu’il juge déraisonnable au vu de l’état des finances publiques. Par ailleurs, il est peu probable qu’elle soit suffisante, car bien qu’elle empêche temporairement les brésiliens de tomber dans la grande pauvreté, le chômage, reparti à la hausse, devrait entraîner une augmentation du nombre de bénéficiaires que le budget national, confronté à une la dette nationale également en hausse, ne permettrait pas d’absorber.

Comme ailleurs en Amérique du sud, la pauvreté et les inégalités risquent de se creuser encore, l’insécurité alimentaire menace déjà, et les aides ne suffiront pas. La fuite des touristes, tout comme celle des investisseurs qui choisissent moins de s’implanter au Brésil, s’explique en partie par les politiques menées par le gouvernement. La détérioration du dialogue social alimente la défiance du peuple brésilien envers les institutions et laisse la place à d’autres acteurs, qui pourraient accentuer les tendances observées.

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📌L’opportunité criminelle renforcée

Parmi les acteurs certes peu communs dans le jeu politique, les criminels et trafiquants de drogues ont été incités par le ministre de la santé à participer à la gestion de la crise. Luiz Henrique Mandetta a appelé au dialogue et à la collaboration avec les criminels, trafiquants et miliciens, les estimant être des interlocuteurs incontournables, en tant que détenteurs d’un pouvoir territorial non négligeable. Ils « doivent coopérer, aider et faire partie de cet effort conjoint [10]», selon l’ex-ministre. Dans les favelas, ce sont eux qui influent directement sur la population. Cette volonté de les rendre légitimes a d’autant plus d’impact que les trafiquants ont effectivement pris des mesures qui s’apparentent à des réglementations. Des messages ont ainsi largement circulé sur les réseaux sociaux, commençant par des interdictions ponctuelles de rassemblement, puis imposant un confinement assorti d’un couvre-feu. A Rio, les habitants étaient invités à rester chez eux après 20h. Attention, message aux commerçants et résidents (…) A partir du dimanche 22, il est interdit de se rendre dans les bars. Les marchés, les pharmacies et les boulangeries pourront fonctionner normalement. Il est ordonné aux résidents de rester chez eux. La raison en est le coronavirus qui touche nos communautés. Quiconque désobéit recevra une amende. L’ordre vient d’en haut, ne désobéissez pas pour éviter les problèmes [11]». Ces consignes témoignent de l’absence de l’Etat dans ces quartiers . Les menaces ont rapidement suivi les consignes de rester chez soi : « Quiconque sortira dans la rue pour se balader recevra une punition et servira d’exemple. Mieux vaut rester chez soi. Le message est passé [12]».

Les criminels sont ainsi appelés à soutenir l’effort national contre le virus, ce qui, sur le plan opérationnel, peut s’avérer efficace. En effet, le pouvoir de contrainte dont ils disposent permet l’efficacité du confinement, les habitants des territoires se trouvant sous leur contrôle craignent les sanctions et restent chez eux, limitant les contaminations. Par ailleurs, leur intérêt dans la neutralisation de la menace virale réside dans le maintien de leur activité économique. En effet, le virus a largement affecté le trafic, notamment de drogues, qui passent difficilement les frontières, du fait des fermetures imposées par les pays frontaliers. Cependant, cette solution pose un risque majeur à la sécurité de la population, d’une part, ainsi qu’à la souveraineté de l’Etat. Les trafiquants sont coutumiers de la violence, qu’ils n’hésiteront pas à exercer sur ceux qui contreviendront aux ordres de confinement. L’insécurité constitue le premier risque qui menace directement la population et les étrangers. Il est fort probable que l’Etat, qui s’est montré déterminé dans la lutte contre la criminalité, obtenant des résultats satisfaisant au premier trimestre du mandat de Bolsonaro, avec une chute de 22% des homicides[13], cherchera à anéantir des troupes armées renforçant leur contrôle territorial. Enfin, le risque de l’augmentation de la criminalité d’opportunité est accru par les perspectives économiques d’appauvrissement d’une partie de la population : celui-ci entraînera probablement une hausse de cette forme de criminalité, qui prend la forme d’extorsions et de vols.

Conclusion

Comme ailleurs, les premières conséquences de la pandémie sont sanitaires. Viennent ensuite les conséquences économiques et sécuritaires, qui s’inscriront sur le long terme, du fait des fragilités préexistantes. Doté d’une faible capacité de relance, d’institutions et d’un gouvernement instables, le Brésil donne l’impression d’aller au-devant d’une période d’incertitude et d’accroissement des risques. Le pays semble « coincé pour trois ans encore à batailler contre ses vieux démons, au lieu de se tourner vers l’avenir[14] ».

[1] Au 1er octobre 2019, selon une étude, « Un an après son élection, Jair Bolsonaro obtient des résultats notables dans la lutte contre l’insécurité au Brésil », Atlantico, Nicolas Dolo, Bruno Racouchot, 29 octobre 2019, https://www.atlantico.fr/decryptage/3581937/un-an-apres-son-election-jair-bolsonaro-obtient-des-resultats-notables-dans-la-lutte-contre-l-insecurite-au-bresil-nicolas-dolo-bruno-racouchot-

[2] Philipp Lichterbeck « Sans tenir ses promesses, Bolsonaro se radicalise », le 26 septembre 2029, DEUTSCHE WELLE – BONN, republié dans Corrier international, « Un an après, Bolsonaro n’a rien fait pour le Brésil, si ce n’est le détruire » le 25 octobre 2019 https://www.courrierinternational.com/article/bilan-un-apres-bolsonaro-na-rien-fait-pour-le-bresil-si-ce-nest-le-detruire

[3] Etude « Au-delà du monopole de la violence légitime de l’État brésilien » de l’Observatoire de la démocratie brésilienne,16 mars 2019 https://observatoiredemocratiebresil.org/Au-dela-du-monopole-de-la-violence-legitime-de-l-Etat-bresilien

[4] Brésil : « On a plus peur de la police que des trafiquants », Le Point International, Claire Meynial, 30 avril 2019 https://www.lepoint.fr/monde/bresil-on-a-plus-peur-de-la-police-que-des-trafiquants-30-04-2019-2310157_24.php

[5] « Brésil: Lula accuse Bolsonaro de faire du coronavirus «une arme de destruction massive», par Le Figaro avec AFP, le 8 septembre 2020, https://www.lefigaro.fr/flash-actu/bresil-lula-accuse-bolsonaro-de-faire-du-coronavirus-une-arme-de-destruction-massive-20200908

[6] «Face à sa gestion de crise au Brésil, le pouvoir de Bolsonaro ébranlé », The Conversation, Laurent Vidal, 16 avril 2020, https://theconversation.com/face-a-sa-gestion-de-crise-au-bresil-le-pouvoir-de-bolsonaro-ebranle-136158

[7]Jair Bolsonaro, lors du discours du 24 mars 2020, propos rapportés par France Info, « Coronavirus : Jair Bolsonaro refuse le confinement qui menace selon lui de ruiner le Brésil », le 25 mars 2020,https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/coronavirus-bolsonaro-refuse-le-confinement-qui-menace-selon-lui-de-ruiner-le-bresil_3883751.html

[8] Propos du Président Jair Bolsonaro du 11 août 2020, rapportés par Libération dans « Brésil : les feux reprennent, Bolsonaro les nie », Aude Massiot, 14 août 2020 https://www.liberation.fr/terre/2020/08/14/bresil-les-feux-reprennent-bolsonaro-les-nie_1796846

[9] Ibid

[10] “Covid19. Le ministre brésilien de la Santé veut négocier avec les trafiquants qui contrôlent la quarantaine dans les favelas », Expresso, 9 avril 2020, https://expresso.pt/coronavirus/2020-04-09-Covid-19.-Ministro-da-Saude-brasileiro-quer-negociar-com-traficantes-que-estao-a-controlar-a-quarentena-nas-favelas

[11] Message diffusé sur les réseaux sociaux, rapporté par le média local Extra «Coronavirus: le trafic et les milices ordonnent un couvre-feu dans les favelas de Rio », Rafael Soares, le 24 mars 2020, https://extra.globo.com/casos-de-policia/coronavirus-trafico-milicia-ordenam-toque-de-recolher-em-favelas-do-rio-24324363.html

[12] Ibid.

[13] Au 1er octobre 2019, selon une étude, « Un an après son élection, Jair Bolsonaro obtient des résultats notables dans la lutte contre l’insécurité au Brésil », Atlantico, Nicolas Dolo, Bruno Racouchot, 29 octobre 2019, https://www.atlantico.fr/decryptage/3581937/un-an-apres-son-election-jair-bolsonaro-obtient-des-resultats-notables-dans-la-lutte-contre-l-insecurite-au-bresil-nicolas-dolo-bruno-racouchot-

[14] Philipp Lichterbeck, « Un an après, Bolsonaro n’a rien fait pour le Brésil, si ce n’est le détruire », publié dans le Deutsche Well-Bonn, publié dans Courrier International le 25 octobre 2019, URL : https://www.courrierinternational.com/article/bilan-un-apres-bolsonaro-na-rien-fait-pour-le-bresil-si-ce-nest-le-detruire

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