Acte de malveillance millénaire, la piraterie demeure une menace qui pèse sur les navires commerciaux comme ceux de plaisance, ainsi que leurs équipages et voyageurs.
Le terme de « piraterie » désigne toute attaque perpétrée à des fins privées sur un bateau en haute mer, avec usage de la violence, détention illégale de personnes ou de propriétés, ou vol et destruction de biens[1].
S’il se différencie en droit international du « brigandage », qui correspond aux actes commis dans les eaux intérieures, eaux archipélagiques ou en mer territoriale d’un État, le Bureau maritime international (IBM) considère qu’afin d’englober les différentes zones maritimes, la piraterie désigne l'acte de monter à bord d'un navire avec l'intention de commettre un vol ou tout autre crime et avec l'intention ou la capacité d'utiliser la force. Aujourd’hui, la piraterie cible indifféremment les navires de commerce, de pêche, ou les bateaux de plaisance.
Mais qui sont les pirates ? Il peut s’agir de petits malfrats, en quête de profit, de gangs nationaux ou internationaux, dépendant dans certains cas des mafias, ou même de groupes terroristes.
Le golfe de Guinée, longtemps épargné, concentre aujourd’hui la majorité des incidents hors vols et des actes de violence. En 2021, 52 actes de piraterie ont été décomptés, dont 29 kidnappings[2]. Les eaux territoriales les plus touchées sont celles du Nigéria, État dont les pirates opérant dans la zone sont majoritairement originaires, ainsi que celles de Sao Tomé-et-Principe. Les ports de Conakry, Luanda, Monrovia, Libreville et Onne sont eux les lieux de nombreux vols.
L’Amérique Latine et l’arc caraïbes comptent en 2021 le plus d’incidents (130), mais pour la plupart de simples vols sans violence particulière. Ces vols ciblent les effets personnels des propriétaires de yachts et bateaux de plaisance au mouillage dans les Antilles néerlandaises et françaises ou à la Grenade, et des navires commerciaux à Port-au-Prince et sur le fleuve Amazone (près de Macapa).
Cette zone a également vu la naissance d’un nouveau type d’acte de piraterie : la narcopiraterie. Les cartels de drogue utilisent alors les navires cibles pour faire transiter leur drogue, ou attaquent les navires pour les empêcher d’approcher des zones de trafic.
L’Asie du Sud-Est, qui comptabilise en 2021 principalement des vols. Si leur nombre a globalement diminué, les membres d’équipage sont de plus en plus la cible de violences, en particulier dans le détroit de Singapour (qui compte une majorité des actes de piraterie), ainsi que dans le port de Manille. Bien qu’aucun acte n’ait été commis par le groupe terroriste Abu Sayyaf, connu pour ses kidnappings, en 2021, la mer de Sulu demeure une zone à risque.
L’océan Indien, longtemps principale zone de piraterie, a connu une baisse significative de ces actes au cours des dernières années, bien que la situation demeure volatile en péninsule arabique en raison du conflit au Yémen. Les zones les plus touchées par la piraterie restent la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb, le golfe arabique et le nord du canal du Mozambique. Les ports du nord-est et nord-ouest de l’Inde sont la cible de vols.
Globalement, l’année 2021 a vu une baisse du nombre d’incidents de piraterie de 15% avec un total de 317 actes recensés. Ce phénomène est principalement dû à l’importante diminution de ce type de malveillance dans le golfe de Guinée (baisse de 55%), que l’on peut expliquer par :
Cependant, cette baisse devra être confirmée au printemps 2022, suite au regain d’incident dans cette zone fin 2021. De plus, des facteurs extérieurs, comme des conditions de pêche défavorables ou les pertes de revenus liés à l’importante baisse du tourisme en période de pandémie, peuvent inciter les populations les plus pauvres des zones côtières à compenser l’absence de ressource en recourant à cette activité.
Les modes opératoires utilisés par les pirates varient, mais il est possible de les catégoriser de la façon suivante (selon leur fréquence) :
Des mesures internationales et régionales ont été mises en place dans certaines régions pour dissuader et déjouer les actes de piraterie. Ainsi, certaines opérations, telles que la mission Atalante menée par l’Union européenne dans le golfe d’Aden et l’océan Indien entre 2008 et 2012, ou l’opération Ocean Shield menée par l’OTAN au large de la corne de l’Afrique entre 2009 et 2014, ont contribué à protéger les navires présents dans ces zones et à faire baisser le nombre d’actes de piraterie. D’autres opérations, régionales ou nationales, sont aujourd’hui en place.
Dans un certain nombre de cas, les propriétaires et exploitants de navires commerciaux peuvent également avoir recours à des sociétés de sécurité privée à bord de leur bateau pour des prestations allant de l’escorte des convois au déploiement d’équipes armées à leur bord.
L’installation de dispositifs de sûreté à bord des navires est également une solution permettant de prévenir et de sécuriser l’équipage en cas d’attaque. Ainsi, les citadelles permettent à l’équipage des navires de commerce de se réfugier en cas d’attaque. Il existe également des systèmes radars pour détecter l’arrivée d’un navire, y compris ceux de petite taille.
Des systèmes d’alarme munis de balises peuvent également être utilisés pour pister le navire et permettre l’intervention rapide de services de secours. Les Best Management Practices, promues par l’Organisation maritime internationale, proposent des mesures de sécurité passives adaptées selon la région de navigation.
Mais au-delà des dispositifs techniques et bâtimentaires, les voyageurs et membres d’équipages ont également un rôle à jouer. Il est indispensable qu’ils soient, en ce sens, formés aux zones à éviter, aux risques liés à la piraterie ainsi qu’aux comportements à adopter en cas d’incidents. En mer comme dans les ports, une veille attentive et la mise en place de tours de garde peuvent permettre de détecter tout acte ou tentative de pirates.
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[1] Article 101 de la Convention des Nations Unies pour le droit de la mer
[2] L’ensemble des chiffres mentionnés dans cet article proviennent du Maritime Information Cooperation & Awareness Center.