La piraterie maritime : état des lieux mondial

Iremos

29 mars 2022

Acte de malveillance millénaire, la piraterie demeure une menace qui pèse sur les navires commerciaux comme ceux de plaisance, ainsi que leurs équipages et voyageurs.

Qu’est-ce que la piraterie ?

Le terme de « piraterie » désigne toute attaque perpétrée à des fins privées sur un bateau en haute mer, avec usage de la violence, détention illégale de personnes ou de propriétés, ou vol et destruction de biens[1].

S’il se différencie en droit international du « brigandage », qui correspond aux actes commis dans les eaux intérieures, eaux archipélagiques ou en mer territoriale d’un État, le Bureau maritime international (IBM) considère qu’afin d’englober les différentes zones maritimes, la piraterie désigne l'acte de monter à bord d'un navire avec l'intention de commettre un vol ou tout autre crime et avec l'intention ou la capacité d'utiliser la force. Aujourd’hui, la piraterie cible indifféremment les navires de commerce, de pêche, ou les bateaux de plaisance.

Mais qui sont les pirates ? Il peut s’agir de petits malfrats, en quête de profit, de gangs nationaux ou internationaux, dépendant dans certains cas des mafias, ou même de groupes terroristes.

Quelles sont les zones touchées ?

Le Golfe de Guinée

Le golfe de Guinée, longtemps épargné, concentre aujourd’hui la majorité des incidents hors vols et des actes de violence. En 2021, 52 actes de piraterie ont été décomptés, dont 29 kidnappings[2]. Les eaux territoriales les plus touchées sont celles du Nigéria, État dont les pirates opérant dans la zone sont majoritairement originaires, ainsi que celles de Sao Tomé-et-Principe. Les ports de Conakry, Luanda, Monrovia, Libreville et Onne sont eux les lieux de nombreux vols.  

L'Amérique Latine

L’Amérique Latine et l’arc caraïbes comptent en 2021 le plus d’incidents (130), mais pour la plupart de simples vols sans violence particulière. Ces vols ciblent les effets personnels des propriétaires de yachts et bateaux de plaisance au mouillage dans les Antilles néerlandaises et françaises ou à la Grenade, et des navires commerciaux à Port-au-Prince et sur le fleuve Amazone (près de Macapa).

Cette zone a également vu la naissance d’un nouveau type d’acte de piraterie : la narcopiraterie. Les cartels de drogue utilisent alors les navires cibles pour faire transiter leur drogue, ou attaquent les navires pour les empêcher d’approcher des zones de trafic.

L'Asie du Sud-Est

L’Asie du Sud-Est, qui comptabilise en 2021 principalement des vols. Si leur nombre a globalement diminué, les membres d’équipage sont de plus en plus la cible de violences, en particulier dans le détroit de Singapour (qui compte une majorité des actes de piraterie), ainsi que dans le port de Manille. Bien qu’aucun acte n’ait été commis par le groupe terroriste Abu Sayyaf, connu pour ses kidnappings, en 2021, la mer de Sulu demeure une zone à risque. 

L'océan Indien

L’océan Indien, longtemps principale zone de piraterie, a connu une baisse significative de ces actes au cours des dernières années, bien que la situation demeure volatile en péninsule arabique en raison du conflit au Yémen. Les zones les plus touchées par la piraterie restent la mer Rouge, le détroit de Bab el-Mandeb, le golfe arabique et le nord du canal du Mozambique. Les ports du nord-est et nord-ouest de l’Inde sont la cible de vols.

 

Comment évolue le phénomène ?

Globalement, l’année 2021 a vu une baisse du nombre d’incidents de piraterie de 15% avec un total de 317 actes recensés. Ce phénomène est principalement dû à l’importante diminution de ce type de malveillance dans le golfe de Guinée (baisse de 55%), que l’on peut expliquer par :

  • Les mauvaises conditions météorologiques de l’été et du début de l’automne 2021.
  • La prise de conscience des acteurs internationaux et régionaux, entraînant une mobilisation des navires militaires en haute mer, équipés de moyens armés, réactifs et mieux coordonnés qu’auparavant. 
  • La mise en place de présences maritimes coordonnées (PMC) à partir de 2021, permettant le partage d’informations et la coordination entre ces navires militaires.

Cependant, cette baisse devra être confirmée au printemps 2022, suite au regain d’incident dans cette zone fin 2021. De plus, des facteurs extérieurs, comme des conditions de pêche défavorables ou les pertes de revenus liés à l’importante baisse du tourisme en période de pandémie, peuvent inciter les populations les plus pauvres des zones côtières à compenser l’absence de ressource en recourant à cette activité.

 

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Quels sont les modes opératoires utilisés ?

Les modes opératoires utilisés par les pirates varient, mais il est possible de les catégoriser de la façon suivante (selon leur fréquence) :

  • Actes de malveillance dans les ports ou rades, lorsque les navires sont à quai ou au mouillage. Ce type d’action a surtout lieu de nuit, lorsque la vigilance de l’équipage est relâchée. Il ne nécessite pas de compétence spécifique, et est particulièrement pratiqué dans les pays où le niveau de vie est très bas (ex. Indonésie, Bangladesh, Nigéria).
  • Acte de malveillance contre des navires en route libre dans des eaux resserrées (détroits ou chenaux d’approche de certains ports peu protégés) ou à proximité des littoraux. Le trafic maritime dans ces zones implique une réduction de la vitesse des navires, qui sont alors moins manœuvrables et plus vulnérables. Les pirates doivent disposer de plus de compétences, pour accoster un navire en mouvement et maîtriser la navigation côtière. Ces actes sont principalement visibles en Asie du Sud-Est et dans le golfe de Guinée.
  • Prise en otage du navire et de l’équipage contre rançon. Les pirates doivent alors disposer d’importantes compétences nautiques, car les abordages sont souvent menés en haute mer, loin des côtes. Il s’agit d’attaques violentes. Ces actes sont principalement décomptés dans l’océan Indien et le golfe de Guinée. La durée de ces incidents varie selon les pirates.
  • Brève prise de contrôle d’un pétrolier pour le vol et le transfert de son carburant. L’équipage est alors enfermé pour la durée du transfert. Ces actes demandent des compétences et connaissances assez poussées et sont surtout visibles dans le golfe de Guinée.
  • Vol du navire pour revente. L’apparence du navire est alors souvent modifiée, et les pirates peuvent être amenés à faire disparaître l’équipage pour ne pas laisser de traces. Ces actes visent principalement les navires de petits tonnages (chalutiers ou remorqueurs).

 

Que faire pour se protéger de cette menace ?

Des mesures internationales et régionales ont été mises en place dans certaines régions pour dissuader et déjouer les actes de piraterie. Ainsi, certaines opérations, telles que la mission Atalante menée par l’Union européenne dans le golfe d’Aden et l’océan Indien entre 2008 et 2012, ou l’opération Ocean Shield menée par l’OTAN au large de la corne de l’Afrique entre 2009 et 2014, ont contribué à protéger les navires présents dans ces zones et à faire baisser le nombre d’actes de piraterie. D’autres opérations, régionales ou nationales, sont aujourd’hui en place.

Dans un certain nombre de cas, les propriétaires et exploitants de navires commerciaux peuvent également avoir recours à des sociétés de sécurité privée à bord de leur bateau pour des prestations allant de l’escorte des convois au déploiement d’équipes armées à leur bord.

L’installation de dispositifs de sûreté à bord des navires est également une solution permettant de prévenir et de sécuriser l’équipage en cas d’attaque. Ainsi, les citadelles permettent à l’équipage des navires de commerce de se réfugier en cas d’attaque. Il existe également des systèmes radars pour détecter l’arrivée d’un navire, y compris ceux de petite taille.

Des systèmes d’alarme munis de balises peuvent également être utilisés pour pister le navire et permettre l’intervention rapide de services de secours. Les Best Management Practices, promues par l’Organisation maritime internationale, proposent des mesures de sécurité passives adaptées selon la région de navigation.      

Mais au-delà des dispositifs techniques et bâtimentaires, les voyageurs et membres d’équipages ont également un rôle à jouer. Il est indispensable qu’ils soient, en ce sens, formés aux zones à éviter, aux risques liés à la piraterie ainsi qu’aux comportements à adopter en cas d’incidents. En mer comme dans les ports, une veille attentive et la mise en place de tours de garde peuvent permettre de détecter tout acte ou tentative de pirates.

 

IREMOS peut vous accompagner en amont de vos déplacements par la mise en place d’analyses missions afin d’estimer le niveau de vulnérabilité de votre déplacement et de proposer la mise en place de mesures adaptées.

 

[1] Article 101 de la Convention des Nations Unies pour le droit de la mer

[2] L’ensemble des chiffres mentionnés dans cet article proviennent du Maritime Information Cooperation & Awareness Center.

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