Le grand retour de l’humain dans la mobilité internationale

Complexité, perplexité, attente et inquiétude sont des termes qui résonnent en ce moment dans de nombreux services de mobilité internationale. Pour répondre à ces préoccupations Expat Communication et Iremos ont partagé leur analyse autour d’un petit déjeuné qui a réuni une quinzaine de responsables MI afin de réfléchir ensemble aux impacts de la crise sanitaire sur leurs activités et leurs métiers. Voici l’essentiel de leurs retours.


Parer à l’urgence

La période de janvier jusqu’à mai, a consisté à gérer la crise. Localiser les expatriés, prendre conscience des risques et trancher sur d’éventuels rapatriements de collaborateurs et des familles. La priorité a donc été tournée vers les questions sanitaires et de sûreté.

Puis il a fallu gérer les innombrables questions liées à la mise en télétravail, voire en « remote assignment » des collaborateurs. La gestion des impacts fiscaux, règlementaires et RH a occupé des services souvent déjà déstabilisés eux-mêmes par le télétravail ou le chômage partiel. Travel ban, tests, quarantaines, congés des expatriés contrariés… ont ajouté de la complexité à cette longue liste.

Pendant cette période qui a couru de juillet à septembre, la question de la compliance s’est ainsi retrouvée au cœur des préoccupations.

 

Accepter la nouvelle normalité

Avec l’hiver, s’annonce maintenant la période de planification et de budgétisation pour 2021.

Le premier réflexe est souvent le blocage : « Mais comment voulez-vous que je fasse des prévisions dans ce contexte ? » Cependant, il est nécessairement suivi d’un moment d’analyse. Car il est temps de sortir de l’urgence pour tenter de prévoir l’année à venir, et donc de comprendre l’étendue des bouleversements en cours.

Or le premier constat à tirer, selon les responsables MI présents, c’est qu’en mobilité internationale, plus encore qu’ailleurs, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Nos activités se trouvent dans l’œil du cyclone et seront durablement impactées par les changements en cours. Tant que le transport aérien ne retrouvera pas sa fluidité, nos métiers ne fonctionneront pas comme avant. On parle d’une période de 4 ans pour un « retour à la normale ». Ce n’est pas une échéance de travail pour des activités comme les nôtres. Considérons donc que ce temps de flottement sera notre « normalité » dans les années qui viennent.

 

mobilite

 

Établir des scénarios

Cependant, incertitude et volatilité ne font pas un budget ni une politique. Alors, comment sortir de l’impasse ? Les responsables MI proposent d’élaborer des scénarios puis de les travailler avec leurs business partners.

Un exemple de scénario optimiste consiste à tabler sur une reprise vive de l’activité en 2021 et des mobilités reprenant leur niveau antérieur à cette même période.

Le scénario modéré mise sur une reprise faible et des déplacements contraints en raison des nombreuses restrictions et incertitudes.
Le scénario de crise décrit une nouvelle récession et un renforcement des interdictions de voyager.

En discutant de ces scénarios, on peut alors les affiner, en éliminer et établir des propositions plus solides. Dans le brouillard, il faut avancer à petits pas et avec précaution.

Dans le groupe interrogé, les positions variaient entre les scénarios 1 et 2, en fonction essentiellement des perspectives économiques dans les différents secteurs, certains étant très atteints par la baisse d’activité et donc des budgets, d’autres misant sur des perspectives de croissance.

 

Définir les changements structurels

L’autre effort de prospective que nous avons mené porte sur les changements qui s’avèrent durables en MI et sur l’identification de leur impact sur notre activité.

Trois changements ont été analysés.

📌Le renforcement durable des aspects sanitaires, sécurités et compliances

Les situations nouvelles se multiplieront. Si le groupe n’avait pas l’air convaincu par le remplacement de l’expatriation par le trio « short, single ou remote assignment », il convergeait en revanche autour de l’indispensable agilité pour être capable de répondre rapidement à des situations inconnues. L’impact durable de la crise sur la sûreté des expatriés a par exemple été détaillé. En déstabilisant l’économie, la crise accentue la pauvreté et les régimes ou réseaux autoritaires. Cet aspect, moins souvent évoqué, se rappellera probablement à nous dans l’année qui vient.

 

📌L’humain revient au cœur de la mobilité internationale.

C’est l’autre aspect majeur relevé par les intervenants. Avec la crise, l’expatriation a rompu avec la tendance de la banalisation qui durait depuis plusieurs décennies. Le travel ban a séparé de nombreux expatriés de leurs familles, voire de leurs conjoints. D’après les expatriés, la nature de l’expérience a changé. Et l’impossibilité probable de retour à Noël s’annonce difficile à gérer. Loin du cliché (ou parfois de la réalité) de l’expatrié dans sa bulle dorée, le collaborateur est affecté dans sa vie personnelle alors que son rôle d’exemple et son leadership n’a jamais été aussi important que dans cette période de crise. L’importance de la proximité entre les équipes MI et les expatriés est donc cruciale dans cette période. Comme le disait un intervenant en off « Tant pis si mon reporting est moins précis, ma mission en ce moment est de maintenir le lien avec le terrain ».

 

📌 Une adaptation des politiques MI.

Besoin d’expertise juridique en accompagnement des responsables MI, préparation renforcée pour les expatriés avant le départ, (que ce soit sur le plan de la sécurité ou de l’information sur les réalités de l’expatriation), soutien pour les collaborateurs et les familles confinés, programme de gestion de carrière pour aider les expatriés à préparer leur retour… de nombreux aspects ont été envisagés. Si sur les trois premiers aspects, le consensus s’établit, sur d’autres, on sentait encore beaucoup d’hésitations. La priorité va d’abord au benchmark et à l’analyse.

 

Un nouveau rôle pour les MI

Ce qui apparait clairement en revanche, c’est l’évolution de la fonction MI et des compétences nécessaires. Si au départ, certains semblaient s’inquiéter d’une possible crise de leur fonction, la réalité les a rapidement rassurés.
La mobilité internationale demeure un besoin essentiel pour la plupart des entreprises  ).

Pour réussir cette mission de pilotage dans l’incertain, les responsables MI doivent développer des compétences d’agilité, d’analyse, mais aussi de conviction pour intégrer les business dans leurs réflexions et les aider à comprendre les enjeux en cours.

Enfin, le lien avec les expatriés, longtemps considéré comme secondaire par rapport aux aspects techniques, redevient essentiel.
Des changements évoqués depuis longtemps mais cristallisés par la crise, accueillis avec enthousiasme par certains. Et qui s’apparentent plus à un challenge pour d’autres.

 

Si l’expatriation redevient une aventure, c’est le cas aussi des postes en mobilité internationale qui demandent plus de compétences et de capacité d’adaptation.

 

Article écrit en partenariat avec Expat Communication

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